Vous avez défendu à Loulou, votre fils de 7 ans, d’allumer la télévision en votre absence. Un soir à votre retour du travail, vous le surprenez pour la troisième fois, absorbé par son dessin animé préféré.
La colère monte : devez-vous crier ? Punir immédiatement ? Laisser passer pour éviter des tensions ?
Corriger un enfant n’est jamais simple. Entre l’envie d’être ferme et la peur d’être trop sévère, il est parfois difficile de trouver le juste équilibre. Pourtant, chaque écart de conduite est une opportunité d’apprentissage, une occasion de transmettre vos valeurs et de l’aider à grandir.
Cette question n’est pas nouvelle. Depuis toujours, parents et éducateurs cherchent la meilleure façon d’enseigner le respect des règles sans briser l’enfant. Le roi Salomon, reconnu pour sa sagesse, écrivait déjà dans Proverbes 22:15 :
Les enfants aiment ce qui est déraisonnable. Quelques bonnes corrections les guériront de cette tendance.
Loin d’être une punition arbitraire ou une sanction aveugle, corriger un enfant, c’est lui donner un cadre, lui apprendre la responsabilité et le respect des règles essentielles à sa vie future. Mais comment s’y prendre pour que cette correction soit réellement constructive et bien acceptée ?
Peu importe l’intensité de votre colère, si vous souhaitez que votre correction ait un réel impact positif et que votre enfant assimile correctement la leçon, vous devez :
✔️ Veiller à ce qu’il se sente aimé de manière inconditionnelle.
✔️ Y aller pas à pas, avec une approche réfléchie et cohérente.
Sans ces deux conditions, la sanction risque de générer de la frustration, du ressentiment et de créer une distance entre vous et votre enfant.
Mais si elle est bien appliquée, elle vous permettra au contraire de renforcer votre lien avec lui et de lui transmettre des valeurs solides.
Alors, comment corriger Loulou de manière efficace et juste ? Voici 5 étapes essentielles pour y arriver.
Étape 1 : Faire reconnaître la faute commise
La première des choses à faire est de l’appeler avec un visage qui annonce les couleurs : « Loulou, viens ici ! ».
Une fois Loulou arrivé, il peut être très tentant de lui demander : « Pourquoi as-tu allumé la télé ? ».
En posant cette question, vous l’incitez indirectement à se justifier. Il aura alors la latitude de vous expliquer qu’il l’a allumée parce que sa petite sœur le lui a demandé en pleurant, parce que l’enfant du voisin a menacé de rentrer chez lui s’il ne le faisait pas… et vous voilà partis dans une série d’excuses sans fins…
Lorsqu’un individu passe son temps à se justifier au lieu d’assumer ses erreurs, il envoie un message négatif à son entourage. Il peut être perçu comme quelqu’un qui cherche à fuir ses responsabilités, qui manque d’intégrité ou qui refuse de se remettre en question.
Votre enfant doit apprendre très tôt à assumer ses actes et à ne pas rejeter la responsabilité sur les autres... Pour le mettre en face de ses responsabilités, demandez-lui plutôt :
- Qu’est-ce que je t’avais dit à propos de la télé, Loulou ? Que s’est-il passé ?
- Tu m’avais dit de ne pas l’allumer en ton absence.

Il est important à ce stade que l’enfant rappelle lui-même la règle fixée.
- D’accord. Et qu’est-ce que tu as fait ?
- J’ai allumé la télévision.
- Donc, tu as fait quelque chose que je t’avais interdit de faire… Comment cela s’appelle ?
- C’est de la désobéissance.
Si votre enfant ne connaît pas ce mot, expliquez-le simplement et assurez-vous qu’il le retienne.
Pourquoi cette approche est-elle essentielle ?
Votre rôle n’est pas de négocier chaque règle, mais d’enseigner à votre enfant que certaines consignes doivent être suivies, qu’il les comprenne ou non.
Dans l’idéal, il est toujours bénéfique de lui expliquer pourquoi une règle existe : pour sa sécurité, son bien-être ou simplement pour le bon fonctionnement de la maison. Lui donner du contexte l’aide à intégrer les règles sur le long terme et à développer son sens des responsabilités.
Cependant, un enfant n’a pas toujours la maturité pour saisir ces explications, surtout quand elles touchent à des notions abstraites comme le danger, la patience ou les conséquences à long terme. Dans ces cas-là, inutile d’entrer dans des débats interminables : il doit apprendre à respecter votre autorité parentale, même s’il ne comprend pas tout immédiatement.
À vrai dire, ce n’est pas le fait d’avoir regardé la télévision qui pose problème en soi. Le vrai problème, c’est que Loulou a choisi d’ignorer une règle que vous lui avez fixée. C’est cela qui doit être corrigé.
Assurez-vous donc que votre fils reconnaisse bien sa faute puis passez à l’étape suivante.
Étape 2 : Appliquer la sanction
Loulou vient de reconnaître son erreur. Il a enfreint la règle et mérite bien une sanction sinon, il aura tendance à recommencer.
Passez donc à l’action ! Pour ce faire, vous avez le choix entre une panoplie de méthodes : aller au coin, être privé de télé pendant 1 jour, etc. Il faudrait idéalement que la sanction soit connue à l’avance, proportionnelle à la faute commise et qu’elle y soit directement liée.
A ce propos, ce vous recommande cet article : 6 méthodes efficaces et pleines d’amour pour corriger vos enfants dans lequel j’aborde le sujet.

La méthode que vous choisirez ne sera pas forcément celle que choisira un autre parent qui se retrouve dans le même cas que vous. Votre choix dépendra de votre personnalité, de celle de votre enfant, de son âge et d’autres facteurs. Il y a par exemple des enfants à qui il suffit juste de parler une fois pour qu’ils comprennent et ne récidivent quasiment plus. Pour d’autres en revanche, il faut nécessairement une punition en bonne et due forme. Choisissez-donc la méthode appropriée et allez-y !
Étape 3 : Lui apprendre à vous demander pardon
Beaucoup de parents s’arrêtent à la sanction et s’étonnent ensuite que leur enfant ne s’excuse pas spontanément ou ne semble pas regretter son acte. Or, demander pardon n’est pas instinctif, c’est une compétence sociale qui s’apprend et qui lui servira toute sa vie.
Après avoir appliqué la sanction, prenez un instant avec votre enfant, pour l’aider à prendre du recul sur son comportement. Posez-lui des questions pour l’amener à réfléchir sur ce qui s’est passé :
- Tu sais pourquoi tu as été puni ?
- Parce que je t’ai désobéi et que j’ai allumé la télé en ton absence.
- Comment penses-tu que maman s’est sentie quand tu as désobéi ?
Confirmez sa réponse pour développer son empathie, puis guidez-le vers l’étape suivante :
- Et dans ce cas, qu’est-ce qu’on dit ?
- Pardon maman (ou papa) parce que je t’ai désobéi.

NB : Le mot pardon est plus efficace lorsqu’il est suivi de la raison pour laquelle il est dit. Veillez donc à ce que votre enfant ne dise pas « Pardon » tout court mais plutôt : « Pardon parce que je t’ai désobéi», « Pardon parce que je t’ai menti », ou encore « Pardon parce que j’ai volé ».
Attention : L’objectif n’est pas d’humilier ou de forcer des excuses mécaniques, mais d’aider votre enfant à prendre conscience de son erreur et à assumer ses actes.
Lorsque l’enfant rajoute la raison pour laquelle il s’excuse, vous avez l’assurance qu’il sait pourquoi vous l’avez corrigé et qu’il comprend que son acte n’est plus à reproduire. Plusieurs enfants en effet, ne comprennent absolument pas pourquoi ils sont punis par leurs parents.
📌 Pourquoi cette étape est-elle importante ?
Dale Carnegie, auteur du best-seller « Comment se faire des amis ? », souligne à quel point reconnaître rapidement ses torts et s’excuser sincèrement est un atout puissant dans les relations humaines. Il affirme :
Quand vous avez tort, admettez-le promptement et énergiquement.
Les gens accordent plus facilement leur respect et leur pardon à quelqu’un qui reconnaît ses erreurs franchement, plutôt qu’à une personne qui cherche à les minimiser ou à les justifier.
En d’autres termes :
- S’excuser immédiatement apaise les tensions et renforce la confiance.
- Se justifier ou rejeter la faute sur les autres crée de la méfiance et des conflits inutiles.
💡 Comment l’aider à intégrer cette habitude ?
1. Encouragez-le à formuler des excuses complètes :
Plutôt qu’un simple « Pardon », il est essentiel qu’il associe l’excuse à l’acte commis :
– « Pardon parce que je t’ai désobéi. »
– « Pardon parce que j’ai menti. »
2. Rappelez-lui que reconnaître ses torts ne le diminue pas, mais le grandit.
Savoir dire « J’ai fait une erreur, je suis désolé » est une force, pas une faiblesse. Un enfant qui comprend cela tôt deviendra un adulte honnête, respecté et capable de gérer les conflits de manière saine.
3. Montrez l’exemple !
Si vous faites une erreur en tant que parent, excusez-vous aussi. Votre enfant apprendra plus par imitation que par obligation.
En lui enseignant dès maintenant l’importance de reconnaître ses erreurs sans détour, vous lui donnez un avantage énorme pour sa vie future : il saura gérer les relations humaines avec intelligence, éviter les tensions inutiles et gagner le respect des autres.
Étape 4 : Lui dire que vous l’aimez et que vous lui pardonnez
Une fois toutes ces étapes suivies, à froid échangez avec votre enfant.
Dites-lui que vous l’aimez de manière inconditionnelle et que vous lui pardonnez sa faute. Qu’il se comporte bien ou qu’il se comporte mal, expliquez-lui que cela ne change rien à l’amour que vous lui portez. Ce qui compte, c’est qu’il apprenne et qu’il grandisse.
Faites-lui savoir que le corriger n’est pas un plaisir pour vous. Il doit comprendre que c’est justement parce que vous l’aimez que vous ne pouvez pas tout laisser passer.
Bien que certaines règles doivent être respectées sans négociation, il peut être utile d’écouter brièvement votre enfant après la sanction pour comprendre son ressenti et l’aider à mieux assimiler la règle.
Demandez-lui s’il s’engage à ne plus recommencer, puis tournez la page : accordez-lui un câlin, passez un moment agréable ensemble et reprenez le cours de la journée normalement.

Cette étape, souvent négligée, est pourtant essentielle ! Elle permet à votre enfant de comprendre que votre amour pour lui est inébranlable. C’est elle qui fera la différence entre une sanction qui renforce votre lien et une qui risque de créer de la distance.
Étape 5 : Lui apprendre à réparer son acte éventuellement
Si la faute commise peut être réparée, demandez à votre enfant de le faire. Il a juré devant le voisin ? Manqué de respect à sa nounou ? Il leur doit également des excuses.
Vous lui avez défendu de courir avec son jus d’orange qu’il a renversé sur le tapis en vous désobéissant, demandez-lui d’aller chercher une éponge et de nettoyer le tapis.

⚠️ Un point essentiel : une démarche adaptée aux enfants à partir de 3 ans
Avant 2/3 ans, un enfant n’a pas encore la maturité pour comprendre pleinement les règles. Il explore son environnement plus qu’il ne désobéit volontairement. S’il touche à une prise électrique, au lieu de lui crier dessus ou de le punir, dites-lui fermement « Non, c’est dangereux », puis proposez-lui un jouet ou orientez-le vers une autre activité. Au passage, pensez également à protéger vos prises ;-).
Ces 5 étapes sont adaptées aux enfants à partir de 3 ans, lorsqu’ils commencent à comprendre les règles. Les méthodes proposées doivent néanmoins être adaptées à leur niveau de compréhension et appliquées avec cohérence. Un enfant de 3-4 ans n’a pas la même compréhension d’une règle qu’un enfant de 7-8 ans.
Quelques conseils pour finir
En corrigeant vos enfants, évitez :
Les discours longs et culpabilisants
A la longue, ils pourraient créer chez votre enfant cette petite voix intérieure qui le juge, le rabaisse, le dévalorise et le critique constamment. Cette voix lui fera manquer d’assurance.Les corrections qui surviennent plusieurs jours après la faute
Les jeunes enfants vivent dans l’instant présent. Une correction appliquée plusieurs heures ou jours après la faute perd tout son sens. N’attendez pas le soir pour corriger un enfant de trois ans qui a fait une gaffe le matin. Il n’y comprendra pas grand chose.Les paroles blessantes, les propos humiliants et dévalorisants
Vous devez vous efforcer de dissocier votre enfant de ses actes. Ce n’est pas parce qu’il vous a menti qu’il est automatiquement un menteur ou qu’il est vilain. Préférez des expressions comme « Ce n’est pas vrai » ou « Tu m’as menti » à « Tu es un gros menteur ». Évitez par ailleurs de lui dire qu’il est têtu ou insupportable. Votre enfant s’efforce inconsciemment d’être à la hauteur de la réputation (bonne ou mauvaise) que vous lui donnez. Autant donc utiliser vos mots pour l’aider à se construire une image positive de lui-même.Les humiliations en public
Peu importe son âge, votre enfant est un être humain qui a des émotions et un amour-propre. Ne l’humiliez pas devant vos amis, des étrangers ou ses propres camarades. Reprenez-le préférentiellement en privé.L’historique des fautes commises
Revenir constamment sur les fautes passées (« Tu mens tout le temps », « La semaine dernière, tu avais déjà fait ça », « Tu n’apprends jamais de tes erreurs ») peut pousser votre enfant à penser qu’il ne peut pas changer. Corrigez l’erreur du moment et passez à autre chose, sans accumuler les reproches.
Ces cinq étapes vous permettront d’avoir des corrections justes, fermes et constructives, sans nuire à votre lien avec votre enfant.
En appliquant ces conseils avec constance, vous constaterez rapidement une évolution dans le comportement de votre enfant. Avec le temps, il intégrera les règles et prendra naturellement la responsabilité de ses actes.
Bientôt, lorsque vous l’interpellerez après une faute, il saura lui-même reconnaître son erreur et dire :
« Pardon maman (ou papa), je sais que tu m’avais interdit d’allumer la télé en ton absence et je l’ai fait. »
À ce moment-là, vous aurez accompli bien plus que corriger un simple écart de conduite : vous lui aurez appris à assumer ses actes, à s’excuser, à grandir et devenir une personne responsable.
Alors, pourquoi ne pas essayer dès la prochaine occasion ?
Si cet article vous a été utile, n’hésitez pas à le partager ;-).
Bonjour merci beaucoup pour ce ministère c’est bénissant. Que le Seigneur vous conduise à être une source de bénédiction pour les parents sans expérience que nous sommes.
Amen 🙏🏽 ! Merci Omepieu
Bonsoir Eunice, merci beaucoup pour les conseils. Comment faire avec les enfants de 15 mois comme le mien. Quand tu dis ne touche pas, cest a ce moment quil le fait tout en souriant. Merci pour ta reponse.
Coucou Ngassien, l’article ne s’applique pas à un enfant de 15 mois 😊. A cet âge les enfants sont dans une phase d’exploration qui les pousse à toucher à tout et cela est important pour leur développement. Ce qu’il faudrait faire, c’est réaménager ton intérieur pour mettre hors de la portée de bébé tout ce qui est dangereux ou précieux et le laisser explorer son environnement. Sinon, tu vas t’épuiser parce qu’il n’arrêtera pas.
Excellent article, merci.
Merci Lapointe 🙏🏽
Bonjour Eunice, merci pour cet article, je mettrai en pratique ces conseils.
Bonjour Madame Eunice,
très intéressant article. Merci
Merci Isabelle 🙂
Merci infiniment pour ces conseils éclairés!
Merci pour cet article tres pratique j’ai beaucoup appris et je mettrais en pratique la prochaine fois avec mes enfants de 5 6et 10ans.
Peut ton mettre les enfants à genoux?si oui combien de temps?
Hello Elodie,
Je n’y vois pas d’inconvénients ! 😉
Bonjour Eunice
Merci grandement pour tes conseils. J’en ai besoin. Tu touches des points pertinent que nous avons souvent tendance á negliger.
Que le seigneur vous bénisse abondament et vous inspire d’avantage au nom de Jésus 🙏🙏🙏🙏
Merci Clotilde
Nous rendons grace à Dieu pour ses précieux
conseils!
Merci Berenice !
Merci beaucoup pour vos conseils que Dieu vous bénisse et qu’il vous donne la force de pouvoir nous aider nous les mamans
Merci pour ces sages conseils qui vont enormement m’aider.
Je comprends maintenant que lui crier dessus n’est pas la bonne methode.
Mille mercis 🙏🏾
Vous êtes une bénédiction pour les parents de cette génération et celle à venir. En fait, le Seigneur vous utilise pour répondre à la prière de plusieurs parents dont moi. Merci Seigneur et merci à vous.k